Un chauffe-eau solaire peut-il transmettre la légionellose ?

Les 27 Réunionnais atteints de légionellose utilisaient tous des chauffe-eau solaires.

 

Au cours de sa thèse, un médecin réunionnais a découvert que la légionellose, maladie sous-déclarée à la Réunion, pourrait être véhiculée par les chauffe-eau solaires. Une découverte importante alors que la nouvelle réglementation thermique impose leur utilisation dans les logements neufs à compter du 1er mai.

“Pourquoi y aurait-il moins de cas de légionellose à la Réunion ?” C’est la question qui s’est imposée à Hanna Mogalia, alors qu’elle était confrontée à plusieurs patients atteints de cette maladie à l’hôpital de Bellepierre. Selon l’institut national de veille sanitaire (InVS), l’incidence de la légionellose est près de quatre fois plus élevée en métropole. “On était étonné de ce chiffre car le climat tropical est favorable au développement de cette bactérie et il y a ici une surreprésentation des maladies favorisant la légionellose, comme le diabète, l’alcoolisme et l’asthme”, explique le Dr Mogalia, aujourd’hui médecin généraliste à Saint-Denis. Dans le cadre d’une thèse, elle a donc décidé de faire un état des lieux de la légionellose dans l’île. Afin d’évaluer l’incidence réelle de cette pathologie et de rechercher d’éventuelles spécificités réunionnaises, elle s’est lancée dans une étude prospective des cas hospitalisés entre 2002 et 2008 dans les quatre hôpitaux de la Réunion, parallèlement à une étude prospective menée entre 2008 et 2009. Et les résultats d’être surprenants. Après avoir passé en revue les tests des laboratoires hospitaliers, la thésarde a ainsi découvert qu’un tiers des cas de légionellose n’avait pas été déclaré à la Drass, alors qu’il s’agit d’une maladie à déclaration obligatoire (MDO). Au total, ce sont 27 malades qui ont été recensés, dont deux pendant l’étude prospective (23 hommes et 4 femmes). Différentes sources de contamination ont été mises en cause. Dans trois cas, il s’agissait d’un réseau d’eau chaude sanitaire ayant une tuyauterie trop longue. “La stagnation de l’eau dans les tuyaux favorise le développement des bactéries”, précise le Dr Marie-Pierre Moiton, directrice de thèse et praticien hospitalier au service de médecine interne et des maladies infectieuses du CHR Félix-Guyon. Dans un autre cas, c’est une tour aérofrigérante du Port qui est pointée du doigt. Mais le point commun des 27 cas, est la présence d’un chauffe-eau solaire au domicile des malades.

 

100 000 chauffe-eau solaires


Selon Alain Hoareau, technicien sanitaire à l’agence de santé de l’océan Indien, les utilisateurs de cet appareil ont tendance à enlever la résistance électrique, laissant le chauffe-eau fonctionner seulement avec le soleil. “En absence d’ensoleillement suffisant, la température varie entre 25 et 40 °C, températures favorisant la prolifération des légionelles, poursuit le Dr Mogalia. D’autant plus que les chauffe-eau solaires sont en plus grand nombre dans les hauts de l’île.” Jamais un lien n’avait été établi jusqu’ici dans la littérature scientifique entre ces appareils écologiques et la légionellose. “C’est un faible effectif, donc ce sont juste des tendances”, tient à relativiser le Dr Moiton. Mais le problème soulevé doit faire l’objet de concertations, sachant qu’un tiers des ménages est équipé de chauffe-eau solaires à la Réunion (plus de 100 000 ont été vendus). “En terme de santé publique dans l’île, il serait nécessaire de prendre des mesures préventives afin d’anticiper les crises sanitaires éventuelles”, conclut le Dr Mogalia. D’autant plus qu’à compter du 1er mai, toutes les installations d’eau chaude sanitaire devront être alimentées par énergie solaire, à hauteur de 50 % au moins des besoins, dans les logements neufs (lire par ailleurs)

Moins de cas à la Réunion 27 cas de légionellose entre 2002 et 2009 à la Réunion. L’incidence reste faible. Pour le Dr Hanna Mogalia, cela peut-être lié au fait que l’île bénéficie d’une meilleure ventilation grâce aux phénomènes de brise et des courants d’alizés. Elle met aussi en exergue notre faible industrialisation qui contribue à ne pas voir fleurir trop de tours aérofrigérantes (il en existe 31 dans le département). Par dispersion d’eau dans un flux d’air, les tours aérofrigérantes humides constituent en France la principale source de dissémination dans l’atmosphère de légionelles. La jeune femme avance aussi le fait que l’adduction souterraine en eau, majoritairement utilisée à la Réunion, ne représente pas de risque du fait d’une température maintenue entre -10° et 12°, non favorable à la prolifération des légionelles.

Des formes plus graves Le Dr Hanna Mogalia observe peut-être moins de cas de légionellose à la Réunion mais elle constate aussi des formes plus graves par rapport à la métropole, avec un taux de séjour en réanimation bien supérieur à la moyenne nationale (+30%). “On a constaté des défaillances du foie, des reins…, des syndromes de détresse respiratoire et des atteintes neurologiques”, indique le Dr Mogalia. Des tableaux cliniques qui pourraient s’expliquer par une population en moins bonne santé. En revanche, le taux de mortalité semble moins élevé. Deux personnes âgées, déjà atteintes d’autres maladies, ont succombé à la légionellose parmi les 27 patients.

 

Les chauffe-eau solaires obligatoires au 1er mai 2010


Selon un arrêté paru au Journal officiel, le 19 avril 2009, l’installation de chauffe-eau solaires dans les logements neufs à usage d’habitation deviendra obligatoire dans les départements d’Outre-mer. Une “révolution” verte initiée par la nouvelle réglementation thermique acoustique et aération (RTAA DOM) et applicable aux constructions ayant fait l’objet d’une demande de permis de construire ou d’une déclaration préalable déposée en mairie à compter du 1er mai 2010. Dès le week-end prochain, l’eau chaude sanitaire devra être produite par énergie solaire, si celle-ci permet de répondre à au moins 50 % des besoins, sauf si l’ensoleillement de la parcelle ne le permet pas. Par ailleurs, la RTTA DOM instaure différentes mesures encourageant les performances énergétiques des logements telles que l’isolation en toiture ou l’installation de pare-soleil selon l’orientation des façades. Ces textes favorisent également la ventilation naturelle dans le logement et pénalisent, en termes de performances plus contraignantes à atteindre, les logements climatisés.

 

Source : www.clicanoo.re 27 avril 2010

http://www.desinfection-bacteries.com/un-chauffe-eau-solaire-peut-il-transmettre-la-legionellose.html

 

Écrire commentaire

Commentaires: 2
  • #1

    igreen-solar (dimanche, 27 novembre 2011 18:52)

    Il serait donc intéressant que le service des douanes réunionnaises puisse enfin autoriser l'importation dans l'île de ballons solaires équipés de résistances électriques d'appoint, ce qui n'est pas le cas et à l'encontre de cette problématique sanitaire!

  • #2

    TOISON Pascal (samedi, 28 août 2021 11:40)

    En France, la loi de 2005 qui règlemente la production d'eau chaude sanitaire dans les bâtiments d'habitation, est défaillante pour la production d'eau solaire (préchauffage). Elle n'oblige pas d'un minimum de température pour le préchauffage de cette eau.....
    Je le dénonce depuis 2016 (un décès dans notre résidence) mais personne ne veut réagir ! J'ai pourtant prévenu les députées de notre circonscription, Mme VALLETTA-ARDISSON, M. Eric CIOTTI (Alpes Maritimes) et le Directeur Général de la Santé, M. Jérôme SALOMON....!